Les populations Autochtones au Canada courent un plus grand risque d'être victimes de crimes violents et
personnels et d'être impliquées dans le système de justice pénale.
Les Autochtones sont trois fois plus susceptibles que les non-Autochtones d'être victimes de crimes violents
et ont un risque encore plus élevé d'être victimes d'agression, d'agression sexuelle, de vols et de violence
conjugale.1
Surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale
Les Autochtones sont aussi considérablement surreprésentés en tant que délinquants dans le système de
justice pénale au Canada. Les taux d'incarcération des Autochtones sont de cinq à six fois plus élevés que la
moyenne nationale. Des statistiques de Service correctionnel Canada montrent que même si les Autochtones
ne représentent que 2,8% de la population canadienne, ils comptent pour 18% des personnes incarcérées
dans des pénitenciers fédéraux. Dans les provinces des Prairies, 50% des prisonniers sont Autochtones.2
Des inégalités historiques ont laissé les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations sans les
soutiens et services si nécessaires. Les Autochtones au Canada ont été dépossédés de leur territoire, de leurs
traditions culturelles et de leur unique façon de vivre. Les enfants ont été enlevés à leur famille et envoyés au
loin dans des écoles résidentielles – où nombre d'entre eux ont été victimes de toutes sortes d'abus – avec des
répercussions intergénérationnelles bien documentées. Les préjudices et la discrimination de la société envers
les Autochtones ont créé encore d'autres défis.3
De nos jours, un nombre croissant d'Autochtones vivent dans les grandes agglomérations urbaines du
Canada. Les données du Recensement analysées dans le rapport du CCDS, Urban Poverty in Canada,
montrent que les Autochtones vivant en milieu urbain avaient deux fois plus tendance à vivre dans la pauvreté
que les non- Autochtones. Selon les Nations Unies, les enfants des Premières Nations dans les pays
occidentaux vivent dans des conditions du Tiers-monde, avec approximativement de 80% des enfants
Autochtones de moins de six ans en milieu urbain vivant dans la pauvreté.4 Le nombre d'enfants Autochtones
clients du système de protection de l'enfance à travers le Canada est aussi en train d'augmenter, et il s'est
accru de 71,5% de 1995 à 2001. 5
Les changements rapides liés à la vie urbaine et la perte de soutiens traditionnels ont cumulé les sentiments
d'isolement et de bouleversement chez les Autochtones, en défavorisant encore davantage leurs familles et
leurs communautés, et en les mettant dans un risque accru d'être impliqués dans le système de justice pénale.6
La Commission royale sur les peuples Autochtones de 1996 a établi un lien net entre le chômage, le faible
revenu et le manque de réussite scolaire dans leur communauté à une implication ultérieure dans la criminalité.7
Le Service correctionnel du Canada remarque aussi que les délinquants Autochtones ont plus tendance que
les délinquants non-Autochtones à avoir vécu dans la pauvreté, la violence familiale et un milieu de
toxicomanies chez eux, et pendant l'enfance avaient eu plus tendance à avoir recours aux services de
protection de l'enfance.8
Un autre facteur qui influence la surreprésentation des Autochtones dans les statistiques de la criminalité est le
fait que contrairement à l'ensemble de la population au Canada qui a vu une baisse de croissance, la
population Autochtone expérience encore un baby-boom. Ce qui se traduit par une population Autochtone
actuellement beaucoup plus jeunes que d'autres groupes, résultant en une proportion beaucoup plus grande
d'Autochtones dans les catégories de jeune âge à risque élevé.9
Pour davantage d'information sur les tendances démographiques des Autochtones et leurs démêlés avec le
système de justice pénale, voirwww.statcan.ca:8096/bsolc/francais/bsolc?catno=85F0033M&CHROPG=1 ,
et pour un portrait du bien-être des enfants Autochtones, voirwww.statcan.ca/francais/freepub/89-597-
XIF/2001001/article_f.htm. Pour des indicateurs clés de développement social pour les Autochtones, aller
sur le site du CCDS à www.ccsd.ca/pr/2003/aboriginal.htm.
Initiatives pour améliorer le bien-être des Autochtones
En 2003, un Comité sénatorial a rapporté que les Autochtones vivant en milieu urbain – près de la moitié de
l'ensemble de la population Autochtone au Canada (49%) – sont laissés pour compte par les politiques
publiques, étant donné que ni le Fédéral ni les provinces n'acceptent de prendre la responsabilité de leurs
besoins.10
L'Assemblée des Premières Nations a vivement endossé recommandations du Comité sénatorial de rendre
«portables» les droits des Premières Nations – c'est-à-dire de les appliquer également dans les réserves et
hors des réserves.11 D'autres organisations Autochtones ont souligné le besoin de plus de services du secteur
bénévole et communautaire pour les Autochtones vivant dans les réserves.12
Malgré les défis toutefois, les communautés Autochtones au Canada ont développé certains moyens efficaces
de répondre à leurs besoins, avec l'aide du gouvernement fédéral et des provinces. Voir, par exemple les
articles «Lutter pour les jeunes Autochtones» et «Deux voix» dans leBulletin No 7 de La prévention du crime
par le développement social et divers articles dans le Bulletin No 8. On peut trouver bien d'autres exemples
encore dans le rapport du Comité sénatorial.
Une autre initiative fédérale digne d'être mentionnée est le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones, de
Santé Canada. Le programme mobilise des organismes Autochtones sans but lucratif dans les agglomérations
urbaines et les grandes communautés du Nord afin de fournir des soutiens aux jeunes enfants Autochtones. Le
programme habilite aussi les parents Autochtones à répondre aux besoins de développement de leurs enfants
durant la petite enfance, tout en faisant le lien entre les familles et d'autres programmes et services dans leur
communauté.
D'autres organisations non gouvernementales, comme la First Nations Child and Family Caring Society of
Canada se dédient à améliorer la recherche, les politiques et la pratique ayant trait aux conditions sociales des
enfants Autochtones et des Premières Nations en particulier.
Les Autochtones et l'administration de la justice
Les liens suivants fournissent des informations supplémentaires portant sur des questions de justice envers les
peuples Autochtones au Canada :
- Le Portail des Autochtones au Canada
- «Les Autochtones et le système de justice pénale» par l’Association canadienne de justice pénale.
- Le ministère de la Justice Canada - Le Réseau de la justice autochtone